Minorquins avec accent : Gloria

La semaine dernière, j’ai rencontré Gloria Vanni chez elle dans sa maison chambres d’hôtes près de Mahon, Casa Bonita. On se connaissait déjà grâce à un ami en commun, Alessandro de Isoladiminorca.com (un autre guide de voyage de Minorque mais en italien). Voici, les meilleurs extraits de notre entretien (qui a duré deux heures !).

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Quand as-tu pris la décision de t’installer à Minorque ?

J’ai pris la décision de quitter l’Italie en juin 2016 quand, après plus de 30 ans de vie heureuse dans une grande métropole comme Milan, je me suis dit : stop au ciment, au stress, aux embouteillages. Je voulais une autre qualité de vie dans une île en la Méditerranée.

Pour travailler comme journaliste, j’ai juste besoin d’une bonne connexion wifi. Ensuite, je voulais aussi un lieu sympa pour continuer mon activité de chambres d’hôtes (j’en avais aussi un à Milan.) Neuf mois plus tard en mars 2017 j’emménageai dans ma maison minorquine.

Tu te souviens de ton premier jour à Minorque?

Bien sûr, c’était le 7 septembre 2016. Ce fut à l’occasion de mon premier voyage à la recherche de ma maison. En tout j’ai fait cinq aller-retour Italie-Minorque avant de trouver Casa Bonita. J’ai visité … 52 biens immobiliers avant de rencontrer cette belle maison blanche minorquine. Elle est parfaite pour mon activité de chambre d’hôtes : quatre chambres et … cinq salles de bain.

Tu avais déjà vécu hors d’Italie avant de t’installer à Minorque ?

Oui, de 20 à 25 ans, j’ai vécu sur des voiliers en Méditerranée et en mer Rouge en faisant des charters. Une formidable école de vie ! J’ai appris à vivre dans de petits espaces sans possibilité de fuite, à respecter les gens et à me faire respecter, à vivre dans la nature, à respecter l’environnement. Sans le savoir c’était les prémices de mon activité de chambre d’hôtes.

Tu connaissais quoi de Minorque avant de prendre ta décision de venir vivre à Minorque ?

Pour être honnête, Je ne savais pas grand-chose de Minorque. Je n’y étais allé qu’une seule fois, en 1988, à bord d’un voilier. Mes souvenirs étaient essentiellement liés à la mer.

Toutefois, je savais que Minorque était une île cosmopolite, unique dans l’archipel des Baléares. Le facteur préservation de l’identité locale notamment grâce à son statut de réserve de biosphère l’Unesco a beaucoup joué dans ma prise de décision.

Tu avais déjà imaginé vivre dans une petite ile ?

Je savais que tôt ou tard, je reviendrais vivre près de la Méditerranée. Je suis né à Gênes, j’ai passé toute mon enfance au contact de la mer. J’ai la Méditerranée dans mon adn, chose que je partage avec les minorquins.

Qu’est-ce qui te plaît le plus de la vie minorquine ?

J’aime le rythme de vie tranquille, sans stress à la Minorquine. Comme disent les locaux : «poc à poc».

J’aime le contact avec la nature, la propreté des lieux, l’engagement des minorquins pour sauvegarder intact leur petit paradis, de ne pas vendre son âme pour le tourisme.

Tu te souviens du jour de votre arrivée ? Quelles sensations tu avais ce jour-la ?

Bien sûr et je m’en souviendrai pour le reste de ma vie ! Pour être précis, c’était le 17 mars 2017. Je suis arrivée en bateau à Ciutadella avec mon ex-mari, Nino. Avec une excitation : le rêve était devenu réalité, une nouvelle vie qui commence !

Pourquoi as-tu décidé de quitter ton pays, l’Italie ?

Parce que l’Italie commençait à devenir trop étroite pour moi. Je voulais vivre dans un endroit plus international où l’on entend parler espagnol, anglais, français, italien…

Comment s’est déroulé ton processus d’adaptation ? Facile, difficile ?

Mon adaptation s’est faite naturellement, sans aucun choc culturel ! Minorque est proche de l’Europe : en une demi-heure de vol, vous êtes à Barcelone, en un peu plus d’une heure à Madrid. Bref, la culture est donc toujours à portée de main.

Et de toute façon, Minorque est une île avec une activité culturelle intense. La seule chose qui me manque, c’est le cinéma italien. Quand je retourne en Italie, je suis capable de regarder 4/5 films en deux jours !

Tu as été bien accueilli par les minorquins ? Tu es parfaitement intégré ?

Je me sens bien à Minorque. En seulement quelques mois je me suis lies d’amitiés avec de nombreuses personnes, minorquines et internationale. C’est d’ailleurs pour cela qu’en 2018 J’ai également organisé le premier Menorca Dîner en Blanc.

Une soirée magique avec un concept simple : Être en blanc, venir avec son repas et partager un moment convivial dans un endroit public qui change chaque année !

En 2019, nous étions 180 personnes de 18 pays ! Avec de la musique, des rires et une règle absolue : on commence à 20 h 00 et à 24 h 00 on rend la place exactement comme elle était avant notre venue ! 100% respect de l’environnement.

Anecdote : les invités sont avertis par email du lieu de la fête 24 heures à l’avance. Un événement indépendant auquel ont participé plus de 180 personnes de 18 pays en 2019.

Pour le prochain dîner blanc à cause de la covid-19, nous devrons attendre 2022. J’ai déjà la date et le lieu (top secret ) : 15 aout 2022.

Quelle est ta profession actuelle ?

Je continue à faire ce que je faisais en Italie, c’est-à-dire que j’écris pour un portail italien isoladiminorca.com, je collabore avec la radio FM italienne qui, depuis février de cette année émet également depuis Minorque.

Je suis journaliste 8 mois par an, d’octobre à mai et les 4 autres mois, je me dédie à Casa Bonita, mes trois chambres d’hôtes.

Un artiste, acteur, chanteur, écrivain espagnol que tu aimes ?

L’écrivain Carlos Ruiz Zafón, le chanteur Pau Dones de Jarabe de Paolo, l’artiste Pablo Picasso, le réalisateur Pedro Almodovar, l’acteur Javier Bardem, l’actrice Maribel Verdú que j’ai eu le plaisir d’interviewer lors du festival du film de Venise.

Un programme de télévision ou de radio espagnol/Baléares que vous aimez regarder ou écouter ?

J’écoute surtout la radio, en particulier Kiss FM (le «chéri fm» espagnol) et depuis février Italiana FM, la radio ou je travaille ! Je regarde très peu la télévision.

Comment est ta vie quotidienne à Minorque ?

Qualité et simplicité. Je me lève tôt et … me couche tôt.

Une phrase préférée en espagnol ou en minorquin ?

Deux en minorquin : poc a poc et idó. Le premier est le rythme de vie sur l’ile, le «Menorca slow». Le second mot vient de l’anglais «I do», il est utilisé un peu à toutes les sauces dans le langage minorquin.

C’est un peu un joker quand il me manque du vocabulaire !

Tu parles combien de langues ?

Oui, en plus de l’italien, je parle anglais, français, espagnol.

Tu vois souvent ta famille italienne? tes amis ?

Oui, Ils viennent souvent me rendre visite. Comme tes proches, non ?

As-tu le mal du pays de temps en temps ? Qu’est-ce qui te manque ?

Je n’ai pas le mal du pays. Comme on dit en espagnol : » Estoy en mi salsa», je suis bien là où je suis. Il me manque une seule chose : la gastronomie italienne.

Chaque fois que je retourne au pays, je remplis ma valise de produits «Made in Italy» afin de pouvoir ensuite cuisiner des recettes italiennes pour mes amis et mes hôtes !

Un plat italien que tu aimes cuisiner ?

Pâtes à la bottarga (pâtes aux œufs de mulet) à la Gloria, ma petite touche personnelle. Je rajoute des câpres de Pantelleria, des tomates séchées au soleil et de la roquette du jardin de Casa Bonita : c’est comme si tu pouvais goûter la mer dans ta bouche!

Pasta Al Pesto Con Zucchini Courgette 1
pasta al pesto con zucchini (courgette) à la Gloria

Au fait, comment fut ton premier hiver minorquin ? Beaucoup n’y résiste pas

Je n’aime pas l’hiver et j’aimerais vivre dans un endroit où le printemps est éternel. Toutefois, mais j’ai écarté les îles Canaries, car trop éloignées de l’Italie et de mon art de vivre à la méditerranéenne.

J’ai eu de la chance, mon premier hiver minorquin fut un des plus doux des 10 dernières années.

Alors, Ciutadella c’est loin si on est de Mahon ? (Test Adn minorquin ?)

Oui, il faut s’organiser, se préparer mentalement, c’est presque une expédition ! Si je suis avec des invités et des amis, c’est différent, car c’est un plaisir de les emmener découvrir l’autre côté de l’île.

Tu visites encore Minorque ? Tes endroits préférés ?

Oui, j’ai encore beaucoup de choses à découvrir, il y a encore beaucoup d’endroits que je n’ai pas vus. Je veux montrer le meilleur de l’île à mes hôtes et à mes amis.

Pour cela, je suis toujours à la recherche de nouveaux «spots». Sinon, j’aime bien aller à Calo Blanc hors saison, sans la foule et sans le bruit des avions.

Existe-t-il une communauté italienne à Minorque ?

Oui, je suis en contact avec la communauté italienne grâce à mon activité de journaliste. J’interviewe les Italiens de Minorque pour le site isoladiminorca.com.

Minorque, c’est pour la vie ou juste une étape ? Des projets dans un coin de la tête ?

Je vis au présent. Je ne peux pas t’affirmer que je suis à Minorque pour toujours car … je ne le sais pas moi-même. Ici, j’ai deux emplois que j’aime, j’ai des amis, la méditerranée …

Bref, je suis heureuse à Minorque, je ne pense pas revenir vivre en Italie.

Je suis aussi consciente d’être une «invité» à Minorque. C’est pourquoi j’essaie de rendre ce que Minorque me donne. Je suis bénévole au Gob, pour la préservation des plages et l’agriculture locale.

Dis-moi qui je peux contacter de ta part pour ma prochaine interview ?

Mon amie Marie Antonietta de la Clinica Juaneda.

Ps : j’ai déjà négocié une invitation pour ma famille au Diner en Blanc de 2022 ?. Je vous tiendrai au courant pour comment faire pour s’inscrire.

PS 2 : pour en savoir plus sur Gloria et sa maison d’hôtes, lisez mon article dédié ou jetez un œil à son profil Instagram.